09/09/2025
 
  Article rédigé par Caroline Gervais.
En synthèse
Antoine Julien, responsable transition écologique chez SKF Magnetic Mechatronics, a plus de 20 ans d'expérience dans l'industrie du moteur diesel.
Après une prise de conscience post-Covid sur l'ampleur de la crise écologique, il a opéré une reconversion complète pour "aider l'industrie à se transformer". Dans le FSSD, il a trouvé un cadre qui lui permet d'embarquer ses équipes et de guider les décisions stratégiques.
Pour vous motiver à ces 4 minutes de lecture : découvrez comment transformer vos processus existants en leviers d'engagement, créer un langage commun direction-terrain, et donner à vos équipes l'autonomie de prendre les bonnes décisions environnementales au quotidien.
Le déclic : de l'industrie diesel à la transition écologique
"J'avais une vague conscience qu'il y avait des choses qui n'allaient pas bien", confie Antoine. Mais c'est après le Covid, en prenant le temps de se documenter, que la révélation arrive. "Thomas Wagner (du média Bon Pote) et Jean-Marc Jancovici m'ont vraiment fait réaliser que l'échelle des problèmes était bien au-delà de ce que je pouvais imaginer."
Cette prise de conscience le pousse à une reconversion radicale : master à la Green Management School, alternance chez SKF, puis création du poste de responsable transition écologique qu'il occupe depuis. 
"Puisque toute mon expérience a été dans l'industrie, et que c'est le milieu que je connais,
je me suis dit que c'est là que je pouvais avoir le plus d'influence."
La découverte du FSSD : simplicité et causes racines
Le FSSD entre dans son parcours via un module d'initiation durant son master. "Tout de suite, ça m'a vraiment séduit par à la fois la simplicité et par le fait d'aller aux causes racines", explique Antoine. "J'ai perçu le potentiel de la démarche."
Mais c'est sur le terrain que la valeur se révèle vraiment. 
Premier test : une réunion annuelle d'entreprise où il doit expliquer la stratégie développement durable. Au lieu de "faire ça de façon assez classique", Antoine introduit les concepts clés du FSSD en utilisant les vidéos d'Alexandre Magnin pour "faire passer des messages qui autrement étaient très complexes."
Le résultat ? "En quelques minutes, les gens avaient compris le message. C’est plus facile avec ce cadre qui est à la fois scientifique, donc vraiment sérieux et fondé, et facile à appréhender."
Ses besoins : fil conducteur et autonomie des équipes
Antoine identifie deux enjeux majeurs dans son rôle. D'abord, le changement de culture : "Pour embarquer les équipes, il faut qu'ils comprennent les enjeux et qu'ils comprennent comment ils peuvent avoir un impact. Qu'ils se sentent une capacité d'action."
Ensuite, la cohérence stratégique : "Il y a toujours cette question de « Oui, mais si je fais ça, ça va aider sur telle dimension, mais ça va avoir un impact négatif sur telle autre. Comment on arbitre ? Comment on priorise ?"
"J'avais besoin d'outils" pour créer "un fil conducteur qui permet de guider les actions, de les mettre en cohérence" et "pour que les gens puissent prendre des décisions en autonomie."
Ce qu'il trouve : un système complet et élégant
Dans le FSSD, Antoine découvre "un système qui était à la fois complet, parce qu'on traite bien de tous les sujets, mais élégant, parce que c'est finalement assez simple à comprendre et ça va aux causes racines."
La vraie révélation ? "Ça incite à réfléchir plus profondément à la nature des problèmes. C'est vraiment la valeur ajoutée du cadre FSSD : inciter à aller au cœur des mécanismes qui posent les problèmes d’aujourd'hui."
Et aussi, l'universalité du langage : "Avec le même cadre, je peux discuter avec la direction, je peux discuter sur le terrain. Tout le monde a les mêmes repères qui encadrent les prises de décisions et le choix des actions"
Application concrète : révolutionner l'ISO 14001
Antoine teste grandeur nature en repensant l'analyse environnementale ISO 14001.
Son objectif : "Embarquer des personnes dans chacun des départements concernés" pour que "ce soit à la fois un exercice d'analyse environnementale, certes, mais aussi une plateforme de formation, de sensibilisation et d'appropriation."
La méthode : intégrer le FSSD "à la fois en guise d'introduction au concept de développement durable" et "pour classifier nos impacts et dire ce qui se rapporte aux différentes conditions* de durabilité."
Format : deux ateliers de 3h chacun. "Un premier atelier pour définir tous les potentiels de violation des conditions du développement durable. Et puis, un deuxième, axé sur la recherche d'action et quels indicateurs mettre en place."
Résultats : en 6 heures, un grand pas dans le changement de culture 
"Ça s'est très bien passé", résume Antoine. "Les gens ont vraiment bien compris le contexte, la démarche, les conditions*, comment ça fonctionnait et comment ils pouvaient faire le lien entre leur activité de tous les jours et ces conditions-là."
L'impact dépasse ses attentes : "Dans le département où on a fait ce pilote, ça a vraiment créé un changement de culture. Donc, ça, pour moi, ça vaut largement deux fois trois heures."
Comment expliquer cette efficacité ? "Ça s'appuie sur un travail de fond qu'on fait depuis des années", mais le FSSD permet de "rentrer dans le concret, dans mon département, dans mon équipe, là où je travaille, dans mon atelier."
Pourquoi ça marche : L'effet bon sens
Antoine observe une appropriation rapide et analyse : "Même si ce sont des concepts nouveaux, ça devient assez vite intégré comme étant du bon sens. Du coup, c'est très facile de passer au mode concret."
La clé ? "Les conditions* sont simples et c'est facile à appréhender." Contrairement aux "16 catégories d'impact d'une analyse de cycle de vie" qui sont "vite complexes", le "FSSD simplifie" et facilite la mise en action.
Au-delà de l'ISO : articuler stratégie et terrain
Antoine ne s'arrête pas là. Il utilise le FSSD pour articuler la démarche avec la Convention des Entreprises pour le Climat et les limites planétaires. "On a regardé comment ça se croisait entre les impacts des limites planétaires, la méthode PEF**, et les conditions* du développement durable."
L'objectif : "Créer ce lien entre notre analyse environnementale et les actions de terrain, et l'ambition stratégique d'être conforme aux limites planétaires."
"À chaque fois, c'est le FSSD qui nous permet de tisser ce lien, de montrer la cohérence de l'ensemble."
Vers l'autonomie : des cartes postales au bureau
Sa stratégie pour démocratiser l'approche ? "Qu'il y ait un maximum de décisions qui soient prises sans même que moi j'intervienne. Ce qu'il faut, c'est que ça guide tout le monde au jour le jour."
C’est pour cela que lors d'une journée  « Durabilité & Innovation » rassemblant tous les collaborateurs, il y a eu un atelier compétences introduisant brièvement la paire de lunettes du FSSD. Les participants ont reçu "une petite carte avec les 8 conditions* et les 3 questions, que chacun peut avoir à son bureau pour aider les personnes dans leur prise de décision au jour le jour."
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Comme un nouveau système d’exploitation : FSSD-Inside
Antoine résume : "C'est un peu l'idée du « Intel-inside ». C'est ce que tu mets dans le système d’exploitation pour activer tous les métiers."
Plutôt que de créer une structure parallèle, il s'appuie sur l'existant : "Je ne vais pas recréer une structure de développement durable en plus. Je vais me servir et transformer, améliorer cette structure déjà existante parce que ça va être plus facile pour les gens."
"Le cadre FSSD permet de dire : OK, je prends l'ISO 14001, mais je vais utiliser le cadre FSSD pour définir quelles sont les bonnes questions à se poser en allant chercher les causes racines de mes problèmes."
Pourquoi s’emparer du FSSD ? Facilité d'appropriation
Pour ceux qui hésitent, Antoine met en avant un atout majeur : "Je trouve qu’un gros point fort de la méthodologie, c'est le fait de pouvoir être appréhendée facilement."
"Tous les personnes, chacun dans leur métier, sont spécialistes de leur métier" et "on leur amène un sujet supplémentaire, la dimension environnementale, avec lesquels ils ne sont pas familiers." Le risque ? "Si c'est compliqué, le risque de rejet est assez important."
Sa conviction, forgée par l'expérience : Le FSSD permet justement d'obtenir "rapidement une connaissance de base, des résultats concrets, et c'est assez facile à appréhender. Et du coup, ça permet de dépasser cette résistance initiale."
 
L'histoire d'Antoine démontre qu'un cadre méthodologique peut devenir un levier pratique de transformation industrielle. En couplant intelligemment le FSSD avec les processus existants, il réussit le pari de créer une autonomie de décision où chaque collaborateur peut contribuer concrètement à la transition écologique.
* Les conditions : sont les 8 conditions du FSSD qui constitue « une paire de lunettes » comprenant 3 conditions environnementales et 5 sociales. 
** PEF : Product Environmental Footprint, la méthode d’analyse de cycle de vie officielle de l’Union Européenne.
FSSD Players 2024 - Tous droits réservés I Mentions légales
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