"Notre société est l'expression de la maîtrise du "compliqué", il est temps d'oser des modes de penser, faire et agir adaptés à la "complexité" pour inventer - dans les limites planétaires - de nouvelles réponses à nos besoins."

 

 Caroline GERVAIS

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Les besoins humains fondamentaux - Manfred MAX-NEEF

02/11/2022

Les besoins humains fondamentaux - Manfred MAX-NEEF

Un spectre nuancé 


Manfred MAX-NEEF, économiste chilien et prix Nobel alternatif, identifie neuf besoins fondamentaux : subsistance, protection, affection, compréhension, participation, loisir (« Avoir du temps à soi » / relation au temps), créativité, identité, liberté.


Mis à part le besoin de subsistance qui, à l’extrême de son insatisfaction, conditionne l’existence même du sujet, les autres besoins ne sont pas en relation hiérarchique les uns envers les autres et tous se trouvent, selon Max-Neef, en interaction systémique : 


« Cela signifie, d’une part, qu’aucun besoin n’est intrinsèquement plus important qu’un autre et, d’autre part, qu’il n’existe aucun ordre imposé d’apparition des besoins. Les besoins humains se caractérisent par la simultanéité et la complémentarité ainsi que par les transactions qui peuvent se faire au sein du système qu’ils forment »


Selon Max-Neef, les neuf besoins sont fondamentaux et communs à tous les êtres humains. A l’inverse, les facteurs de satisfaction des besoins varient dans le temps et selon les cultures, on en verra privilégier certains au détriment des autres selon les lieux et les époques. Chaque système économique, social et politique adopte différentes méthodes de satisfaction des besoins humains fondamentaux. 


Processus de satisfaction des besoins


Dans le processus de satisfaction des besoins, Manfred Max-Neef distingue aussi ce qu’il appelle quatre « catégories existentielles » : l’être, l’avoir, le faire et « l’interagir ». 


Il propose une matrice croisant les neuf besoins fondamentaux et les catégories existentielles, afin de déterminer des réponses pour satisfaire ces besoins (voir tableau ci-après). 

 

Cette grille est un cadre de réflexion qui offre la possibilité d’identifier des besoins spécifiques. La matrice de Max Neef doit être utilisée comme un cadre qui accompagne la réflexion mais n’en détermine pas à l’avance le contenu.

 

Qualité des réponses aux besoins
La réponse aux besoins n’est pas un processus binaire au terme duquel un besoin est simplement satisfait ou non satisfait. Doivent être examinés l’adéquation de la réponse et ses effets secondaires sur le système tout entier.

 

Une réponse peut contribuer simultanément à satisfaire plusieurs besoins et inversement un besoin peut générer plusieurs réponses possibles. Chaque besoin est satisfait à des niveaux différents, des intensités différentes et selon trois contextes relatifs à l’individu lui-même, le groupe social et l’environnement.


Max-Neef distingue ainsi cinq qualités de réponse aux besoins humains fondamentaux :


1. La « réponse destructive » est paradoxale. En même temps qu’elle satisfait un besoin donné, elle annihile la satisfaction adéquate d’autres besoins (course aux armements, censure, bureaucratie…)


2. La « pseudo-réponse » qui annule, à plus ou moins long terme, la possibilité de satisfaire les besoins qui initialement devaient être satisfaits à court terme (exploitation forcenée des ressources naturelles, modes, publicité, propagande,…)


3. La « réponse inhibitrice » qui satisfait un besoin en inhibant d’autres besoins (habitudes et rituels, permissions illimitées, ultra-libéralisme, surprotection familiale, paternalisme…)


4. La « réponse singulière » ne satisfait qu’un seul besoin et est neutre vis-à-vis des autres besoins (programmes alimentaires classiques, médecine curative, spectacles de sports, nationalité..)


5. La « réponse synergique », quant à elle, intervient simultanément sur plusieurs éléments du système (production autogérée, éducation populaire, médecine préventive, jeux éducatifs, organisation communautaire démocratique, démocratie participative…).


Selon Max-Neef, les quatre premières catégories de réponses sont usuellement imposées, ritualisées ou institutionnalisées : du fait de leur caractère exogène, les réponses ne venant pas directement des acteurs concernés peuvent être des réponses qui ne satisfont pas suffisamment les besoins des acteurs concernés (et en particulier les besoins locaux). 


La réponse synergique est plus endogène car elle porte elle-même l’idée d’associer les acteurs concernés.


Qu’elle soit endogène ou exogène, la réponse doit être la plus synergique possible. Pour déterminer si une réponse est synergique, il est possible d’utiliser les 8 conditions nécessaires à des sociétés durables telles que définies dans la démarche de développement durable stratégique, FSSD, développée en Suède dès 1989.

 

« Le développement durable
 est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs »
 
Rapport Brundtland : « Notre avenir à tous », 1987, ONU (Commission mondiale sur l’environnement et le développement), présidée par Gro Harlem Brundtland